Mercredi 6 octobre, à 6h du matin, près de la déchetterie d’Atlanta, dans le nord-est toulousain, plus de 70 personnes d’origine roumaine, issues pour partie de la communauté rom, ont été sommées de quitter leur lieu de vie sans délai, le campement étant occupé illégalement.

N’ayant pas été prévenues à l’avance, de nombreuses personnes ont perdu tout ou une partie de leurs objets du quotidien. Trois caravanes a minima n’ont pas pu être sorties à temps, laissant leurs habitants, dont des enfants, sans le moindre abri. Sur ce campement vivaient 25 familles, soit une soixantaine d’adultes et 14 enfants (sept scolarisés, deux en cours de scolarisation), avec qui l’équipe d’Utopia 56 Toulouse travaillait sur l’accès au droit en mettant en place des accompagnements individuels sociaux, administratifs et juridiques.

Une pseudo évaluation sociale a été réalisée sur place alors que les habitants se faisaient déloger par les forces de l’ordre. Des OQTF (Obligation de quitter le territoire français) ont été données à toute personne qui n’avait pas de contrat de travail stable, avec confiscation des papiers d’identité qui ne seront restitués que si retour en Roumanie.

Les associations citoyennes, dont Utopia 56, travaillent au quotidien avec ces personnes pour apporter, soutien, eau, nourriture, soins… La préfecture de la Haute-Garonne ne met, elle, en place aucune politique sociale de fond de résorption des bidonvilles toulousains. Cette absence de considération de l’État a été, hasard du calendrier, dénoncée dès le 5 octobre par Claire Hédon dans le premier volet de sa contribution à l’élaboration de la Stratégie française sur l’égalité, l’inclusion et la participation des Roms. La Défenseure des droits alerte “sur les discriminations systémiques vécues par les gens du voyage et les insuffisances tant quantitatives que qualitatives en matière d’aires d’accueil.”

Le lendemain, à Toulouse, le campement était évacué sans solution de relogement. Le surlendemain, le 7 octobre, ces familles qui n’avaient d’autre choix que d’occuper un nouveau site se sont vues remettre un nouvel avis d’expulsion. Leur seule perspective, selon la politique ainsi menée par la préfecture, semble ainsi un cycle d’évacuations répétées de leurs lieux de vies à court, moyen ou long terme.

“Nous demandons aux politiques publiques, à la préfecture de la Haute-Garonne, de considérer ces personnes avec le respect qui leur est dû, et d’initier au plus vite une réelle politique de résorption des bidonvilles permettant aux personnes de vivre décemment, pour que les adultes puissent travailler et faire vivre leurs familles pendant que les enfants poursuivent leur scolarité.” Antoine Bazin, Coordinateur d’Utopia 56 Toulouse.

Depuis la fin de trêve hivernale 2021 en juin dernier, près de 500 personnes ont été remises à la rue à Toulouse, dont une centaine d’enfants.

 

Photo par Antoine Buzin pour HANS LUCAS (Coordinateur à Utopia 56).